Comme le reste des activités de notre scoutisme, le chant, qui les a toujours accompagnées, a évolué et a connu diverses périodes qu’il est intéressant, après neuf décennies, de parcourir à travers quelques textes significatifs.
Les premiers temps sont ceux de l’invention : il n’est pas très habituel, à l’époque, de chanter en chœur, simplement pour chanter ensemble, sans être des professionnels, et le répertoire « ad hoc » n’existe pas. Quelques mordus vont l’inventer, souvent en apportant des paroles adaptées à des mélodies existantes. On trouve ainsi, par exemple, quelques musiques de chasse qui deviennent des chants scouts. Le camp et ses activités – le lever, le rassemblement, le repas, le jeu, la veillée, la nuit – ainsi que la route et l’éloignement des cités, mais aussi les étapes symboliques de la vie de l’éclaireur, comme le chant de la Promesse ou celui de la totémisation – et, bien entendu, le « Chant fédéral » de Laval et Taupin.
Bientôt émerge un véritable répertoire et, à partir des années 30, quelques auteurs spécialisés. Pour les E.D.F., William Lemit est le plus sûr « fournisseur ». On trouve également, à un moindre titre, Francine Cockenpot qui dépasse le cadre strict de son association d’origine, les Guides de France (alors que les auteurs issus des Scouts de France, à l’exception notable de César Geoffray, ne semblent pas avoir beaucoup pénétré nos unités). William Lemit donnera d’ailleurs aux Éclaireurs de France deux de ses chansons pour leur Cinquantenaire en 1961 : « Notre chant » et « Roule ta boule ».
Le même répertoire est repris dans l’immédiat après-guerre, mais il connaîtra une évolution qui l’éloignera, progressivement, des activités scoutes proprement dites : « Je suis un peu fou » n’est plus tout à fait le modèle de l’éclaireur de base. Grâce, toujours, à William Lemit, on retrouve aussi un ensemble de chansons françaises traditionnelles qui, porté par des carnets de chants à large diffusion comme « Voix Unies » ou « Voix amies », peut être repris dans de nombreux milieux : « Dans la rue Chiffonière » ou « La beauté, à quoi sert-elle » en sont des exemples. Cette diffusion est favorisée par le lien qui subsiste entre les E.D.F. et les deux associations d’éducation populaire qui en sont issues, les CEMEA et les Francas.
À partir des années 60 ou 70, on continue de chanter, mais plus tout à fait les mêmes choses. Les auteurs sont variés et le choix devient éclectique, même si le secteur « jeunesse » a toujours ses spécialistes. Les E.E.D.F. ont une relation privilégiée avec Jean Naty-Boyer – on découvre « Là où je vais » et « Il faudra bien qu’elle revienne », ou avec Pierre Chêne, auteur, entre autres, de « La chanson des rochers », qui a rejoint ces spécialistes après avoir été permanent de l’association. Du côté de Nice, Sadi Maurin participe à cette création et alimente quelques camps-écoles… Ce qui permet de rappeler le rôle important de « transmetteur » qui a été celui de Henry Gourin et de René Baétens, responsables nationaux de la branche Éclaireurs, tous deux, en des périodes différentes, passionnés de chant.
Claire Mollet, que la plupart des anciens E.D.F., F.F.E., E.E.D.F. connaissent sous son totem de Cascade, a bien voulu se charger de cette sélection et nous lui en sommes très reconnaissants car son parcours couvre quelques décennies, non seulement dans nos associations, mais également dans les associations amies dont elle a été un élément moteur dans les années 40.
Merci également à l’association du D.T. (anciennes de la F.F.E.) d’avoir édité quelques carnets de chants où nous avons retrouvé quelques-uns de ceux que nous présentons ici.
Cette sélection n’a pas la prétention d’être complète, ni définitive… Toute suggestion complémentaire sera bien accueillie. À vos carnets de chants !