2018.12 : en conclusion de la « journée de la mémoire »

 

… « Plonger dans la réalité en rêvant d’un idéal. » (Raymond Aubrac)

 

Conclusion

 

Laurence Le Berre,

 

Vice-présidente du Comité Directeur des E.E.D.F.

 

Difficile exercice de clôturer cette journée avec de si belles interventions !

J’interviens ici en tant que vice-présidente de l’association, Laurent, Président, ne pouvant être présent. Nous avons échangé sur les idées à vous transmettre. Mon parcours dans le handicap, au sein des services vacances et aussi en établissements médico-sociaux, n’est pas non plus étranger. La question de l’inclusion est, aujourd’hui encore, à l’étude, Jean-Amand vient de l’évoquer. Je crois en des journées comme aujourd’hui pour venir enrichir les réflexions en cours au regard de l’histoire.

Ravie que l’histoire nous réunisse autour de ce sujet qui m’est cher. La recommandation de l’OMMS de 1989 m’a semblé particulièrement édifiante ! Il n’y a pas plusieurs jeunesses, la volonté du projet associatif est de s’adresser à tous, former des citoyens. Par contre, il est peut-être nécessaire de s’adresser à chacun différemment, de nous adapter.

J’ai envie d’introduire mes propos par un témoignage d’une enfant de dix ans atteinte de troubles du comportement, dite « violente », classée dans les « inclassables », Laëtitia qui, sans connaître la méthode scoute, m’en explique tous ses bienfaits sur le séjour…  Elle l’a évoqué avec ses mots : la nature, la vie en petits groupes, être responsabilisé, libre !

Ce sont aussi tous ces enfants, ces adultes que l’association accueille aujourd’hui et qui nous disent que les éclés, c’est comme leur famille. Cela prend encore plus sens pour certains qui vont de foyer en famille d’accueil… jamais à leur place. Ils éprouvent un sentiment d’appartenance, ils trouvent ainsi leur chemin dans la société. Ils sont citoyens.

La méthode scoute est une force, un appui, un tremplin qui nous permet un accueil de qualité pour  ces enfants, ces jeunes en situation de handicap. Sans cette méthode, notre histoire, nous ne pourrions pas, ou plus difficilement, offrir un cadre adapté et sécurisant à ces jeunes, nous ne pourrions pas expérimenter des séjours à volonté inclusive, nous ne pourrions pas aujourd’hui nous poser la question de l’inclusion au sein de l’association, d’une association inclusive.

L’actualité nous invite à l’inclusion, elle doit être au cœur de nos préoccupations. L’association est à un moment clé de son développement sur l’ensemble des périmètres. Accueillir des personnes en situation de handicap, au-delà de la question de l’utilité sociale de l’association, c’est se donner les possibilités de questionner et d’ouvrir notre projet, c’est une chance, une vraie opportunité de se tourner vers l’avenir, de s’ouvrir à de nouveaux projets, de nouveaux partenariats, ou tout simplement vers son voisin.

L’inclusion au sein de l’association, c’est aussi de permettre la rencontre et le partage des compétences. J’ai vécu lors d’un séjour en mini-camp d’un groupe de pré-ados en situation de handicap sur un terrain de camp de groupe. Magnifique surprise lors de ma visite au second jour : je croise un de mes jeunes sur le chemin avec une brouette, un jerrican, seul. Je lui demande où il va, il me répond « ben chercher de l’eau ». Bien sûr, quelle évidence ! Deux équipes, volontaires, motivées, partageant un même projet, des envies, se sont rencontrées et ont permis sur un temps d’offrir du scoutisme de qualité à tous. L’inclusion c’est aussi, peut-être, permettre l’exercice de ses droits ; ici il s’agit de l’accès aux loisirs, comme l’a évoqué Jean-Yves

Bien sûr, entrer dans une démarche inclusive présuppose certaines conditions, impératifs. Nous évoquions la question de la présence d’unités défi dans les groupes locaux lors d’une réunion au Service Vacances autour d’un échange bien vif ! Les impératifs sont venus heurter la grande idéaliste que je suis. Plus sérieusement, se pose la question de la formation, du recrutement alors que les groupes connaissent des difficultés, des attentes des établissements et des familles avec les possibles, de l’accompagnement des équipes… Faisons-nous confiance, ayons confiance en nos compétences ! Osons encore éclairer le chemin ! Faisons de notre histoire, de nos expériences une force.

Je suis tombée juste après la préparation de ce mot sur une phrase de Raymond Aubrac à propos de son expérience dans le scoutisme, qu’il nous a donnée en préface de l’ouvrage « Une jeunesse engagée » :

« Voilà comment s’ouvraient les horizons dans le scoutisme laïque. Plonger dans la réalité en rêvant d’un idéal. »