… sur le thème « du scoutisme d’extension aux vacances adaptées », un siècle d’accueil du handicap dans le scoutisme laïque
Introduction : petit rappel… historique :
Yvon Bastide, ancien responsable « extension » EDF,
Président de l’association pour l’histoire du scoutisme laïque (A.H.S.L.)
Rappel : les grandes orientations du scoutisme laïque après la Libération sont évoquées par les Journées de la mémoire :
– 2013 : pendant la guerre et conséquences
– 2015 : l’émergence de la coéducation
– 2017 : l’émergence de la démocratie
– 2018 : une volonté d’ouverture de notre scoutisme…
Cette année, nous évoquons une volonté de prolongement, et non plus une émergence :
– dès les années 30, avec la création des CEMEA,
– après la Libération, avec la création des Francs et Franches Camarades,
– mais aussi un effort particulier de réflexion et action en direction des adolescents, des pays colonisés… et, dans le scoutisme d’extension, adaptation du scoutisme aux jeunes « handicapés ».
Prolongement, mais aussi un choix de société, le refus de toute discrimination : au tout début de l’équipe nationale Extension à Paris, en octobre 1945, on trouve trois routiers de Villeurbanne, retour de déportation, Jacques Lubetski, survivant d’Auschwitz, Solange Weil, André Haim, Denise Kahn, Érable Lévy-Danon…
Cette « adaptation » du scoutisme suppose un petit arrêt sur une définition du handicap et sa prise en compte par la société.
Définition du handicap :
C’est une « déficience, entraînant une limitation de possibilités d’interaction de l’individu avec son environnement ». Pas simplement un problème de santé : le handicap a une dimension sociale : accessibilité, expression, compréhension…
C’est un problème « complexe » de l’avis des institutions internationales ! Et de la société…
La société et les handicapés :
La prise en compte des handicapés par la société qui les entoure a connu des évolutions. Marie-Claire Cagnolo, docteur en philosophie, dans sa thèse de doctorat en 2006 « La généalogie philosophique du concept de handicap à travers l’émergence institutionnelle de l’idée de justice sociale » met en évidence des « logiques » liées à la perception des situations :
Les logiques « séparatistes » : malédiction, impureté, fatalité, tare… conduisant à :
– l’élimination (Grèce antique, Nazisme)
– l’exclusion / séparation (grottes,…)
– l’enfermement (hôpital général).
Les logiques « paternalistes » : prise en compte de l’infirme dans la communauté conduisant à :
– une action caritative, personnelle ou collective,
– une assistance, prise en compte par la collectivité,
– une réparation : soldats, puis tous infirmes,
– une protection, en particulier juridique,
– une réadaptation, faculté de progresser.
Les logiques « sociétales » : égalité de droits et lien social conduisant à :
– la compensation,
– la prévention,
– la participation,
– l’intégration.
Cette évolution est apparue, en France, à partir du XVIIIe siècle :
– Diderot : lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient,
– Abbé de l’Épée : école pour les sourds-muets et langue des signes pour communiquer,
– Valentin Haüy : institution des jeunes aveugles, caractères en relief pour lire,
– Philippe Pinel : la psychiatrie et les traitements « doux »