1952.09 : L' »affaire Bertier »

Une période de mise en cause par un « grand chef historique »… essai d’analyse sociologique à partir du dossier

À partir d’un extrait d’un entretien avec René Duphil, alors Commissaire Général, paru dans la plaquette « René Duphil, acteur et témoin de son temps » : « Et, dans le même temps, il fallait faire face à d’autres problèmes … Toutes ces ouvertures, dans de nombreux domaines, ont provoqué des réactions : certains ont commencé à dire que les EDF avaient une couleur politique un peu trop marquée, plutôt communisante (alors que nous étions également en butte aux critiques des Communistes !), et qu’ils sortaient un peu trop du Scoutisme traditionnel « de BP ».Il faut dire que notre évolution pédagogique était réelle, prônant une plus grande liberté d’action, supprimant le livre des brevets ou le manuel qui codifiaient trop, ouvrant, grâce à William Lemit, les chants au-delà des chants scouts classiques.

Les critiques sont venues, d’abord, de quelques chefs de groupe, elles se sont cristallisées autour de Georges Bertier, qui n’était plus chez nous ; elles ont conduit à des prises de position très agressives et à des drames, externes au Mouvement mais aussi internes.

Externes, d’abord : Bertier, par lui-même, ne voulait rien, certains s’en servaient comme d’une référence historique ; mais cela a abouti à une campagne de presse très virulente, en particulier dans « le Figaro », qui a publié une lettre de Bertier mettant en cause Monsieur Monod accusé d’orienter le Mouvement dans un sens communisant – sans le nommer, mais il était fait allusion à un Directeur de l’Education Nationale dont le fils était communiste …

La réponse est venue d’Henry Gourin, d’André Poussière… et de Gustave Monod lui-même, qui a fait une mise au point en nommant Bertier. (voir document ci-après)

Internes, ensuite : au Comité Directeur, il n’y a jamais eu de problème. Mais quelques chefs de groupe et anciens, dont certains prestigieux – Paul-Émile Victor, par exemple – ont décidé une scission et ont créé les Eclaireurs Neutres.

Ils n’ont jamais été reconnus par le Scoutisme Français, ni par le Bureau International, malgré leurs efforts pour être admis car Bertier y était connu. Il y a même eu une passe difficile au plan international, suite à une réunion à Genève où les Français – en particulier les S.D.F. – ont trouvé sur les tables du Scoutisme International des brochures présentant les Éclaireurs Neutres. Ce qui a provoqué de la part … du scoutisme catholique une révolution, ils ont gueulé plus fort que nous, et créé une crise au sein du Scoutisme Français où les S.D.F. ont refusé de payer leur cotisation internationale. Or les cotisations passaient par moi, et je me faisais attraper par le Scoutisme International parce que le scoutisme catholique ne payait pas ses cotisations parce qu’ils ne voulaient pas entendre parler des Éclaireurs neutres !

Et, pendant ce même temps, les Communistes nous attaquaient aussi, en particulier dans une plaquette sur le Scoutisme critiquant violemment le Scoutisme laïque et la position des E.D.F. considérés comme des bourgeois conservateurs qui en étaient restés au scoutisme de B.P. – lequel avait évidemment quelques aspects pas très agréables mais que nous avions adaptés et qui ne pouvaient nous être reprochés que par ceux qui n’avaient pas connu notre évolution. Mais quand on veut critiquer, on trouve toujours des arguments… »