1936.12 : Année du premier quart de siècle... - Quelques extraits du discours de Jean Zay

Dim04Déc201109:07

1936.12 : Année du premier quart de siècle...

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Le scoutisme et l’école

Ma présence ici ce soir a une signification que je veux signaler. Elle est destinée à marquer que les petits malentendus, les légères incompréhensions qui, à l’origine, avaient pu parfois exister entre le Mouvement scout et l’Université, sont définitivement dissipés. Aucun de nos maîtres ne peut plus continuer à considérer vos chefs et cheftaines comme des concurrents qui détourneraient les élèves de leurs occupations sérieuses pour les transformer en je ne sais quelles meutes hurlantes. Mais de votre côté aussi, je l’espère, aucun d’entre vous ne peut plus voir dans vos maîtres ce que l’on appelait irrespectueusement les « vieilles barbes » fermées à la vie joyeuse et saine du plein air… Vous savez maintenant que nos professeurs, nos instituteurs sont capables aussi de marcher, de  sauter, de courir, de grimper. Vous savez qu’ils obéissent à la même devise que vous, « Servir », et, sans doute, qu’ils accomplissent aussi leur B.A., leur bonne action par jour. Du reste, vous en avez connu plus d’un qui vous accompagnait dans vos randonnées et partageait vos jeux et vos travaux,  camarade aussi cordial qu’il était, la veille, maître vigilant. C’est qu’en effet, loin de se combattre, le scoutisme et l’école poursuivent des tâches convergentes.

Le scoutisme et la compréhension de l’âme de l’enfant

… Vous avez mis en pratique des méthodes d’éducation dont l’efficacité n’est plus à démontrer et dont la simplicité n’est pas le moindre mérite. Ce qui fait la valeur de la pédagogie scoutiste, c’est qu’au lieu de combattre ce qu’il y a de spontané chez les enfants, elle l’utilise et le développe.

Éduquer en utilisant les aptitudes naturelles, c’est aussi ce que nous essayons de réaliser sur un autre plan et dans une autre sphère. Nous voulons, dans toute la mesure du possible, un enseignement qui fasse appel à l’initiative d’un élève, à son esprit d’observation, qui lui permette, sous une direction avisée, de découvrir par lui-même ce qu’il s’agit de lui apprendre. Nous voulons que les classes soient le plus souvent une collaboration entre le maître et l’élève, un dialogue plus qu’un cours. Nous voulons développer, comme vous, le travail par équipes…

Le scoutisme et les loisirs

Je vois que beaucoup sourient lorsque je parle de surmenage scolaire. Je sais que vous savez vous défendre assez bien vous-mêmes contre ce péril ; j’admettrais même que l’élève paresseux soit plus joyeux que l’élève surmené. Il n’en reste pas moins que l’enseignement soit se délivrer dans la joie. C’est pourquoi nous nous préoccupons d’un allègement des programmes qui, sans compromettre en rien le caractère de haute culture qui fait l’originalité et le prestige de l’enseignement français, permettra aussi de sauvegarder cet imprescriptible droit, ne disons pas à la paresse, mais aux loisirs, plus essentiel pour la jeunesse que pour quiconque.

Et si l’on m’objecte que l’enfant ne sait pas utiliser ses loisirs, je répondrai que vous avez, Messieurs, démontré le contraire d’une façon éclatante.

Le scoutisme et la paix

Le scoutisme représente, à coup sûr, un frappant et magnifique exemple d’esprit démocratique, et, s’il existe chez vous des chefs, nous savons bien qu’ils ne tiennent pas à ce prestige presque surhumain – comme nous voyons ceux qui nous entourent – mais que ce sont pour vous des camarades qui partagent votre vie et vos occupations, qu’ils commandent par la persuasion et non par la force, que ce qu’ils vous enseignent ce n’est pas l’art cruel de la guerre, c’est l’amour du prochain, c’est la grande loi de la solidarité humaine, c’est la volonté résolue de la paix, c’est à dégager, par-delà les frontières, une communauté de jeunes qui se manifeste avec éclat dans les réunions internationales que vous appelez, je ne sis trop pourquoi mais le mot a une sonorité joyeuse et claire qui me plait, des « jamborees ».

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