2020. 06 : Le parcours de Pierre Estève, militant provençal laïque et républicain - Scoutisme

Mar02Jui202008:32

2020. 06 : Le parcours de Pierre Estève, militant provençal laïque et républicain

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André TAIX, Maître d’Internat arrive à Orange vers 1930. Il avait créé un groupe EDF à Manosque, puis à Apt. Il veut faire de même à Orange en s’appuyant sur quelques adultes engagés. Le Commissaire Régional des EDF, Pierre DESCHAMPS, rend visite au père de Pierre. 
Ils s’entendent bien sur les objectifs éducatifs pour la jeunesse locale notamment la laïcité : « C’est là qu’à commencé mon épopée aux Éclaireuses Éclaireurs de France ».

Un local a été retapé dans les écuries du parc d’artillerie d’Orange et mis à disposition. Chaque patrouille avait un coin qu’elle aménageait. Dans le parc, ils jouaient au hockey sur gazon. 
« On faisait des excursions dans les bois à côté d’Orange, à 4 ou 5 km, on faisait des jeux de piste… Mon premier camp a été à La Forclaz (Haute Savoie). »

En 1936, Pierre participe au grand jeu national du 25e Anniversaire du Scoutisme et en 1937, il est au Jamboree de Vogelenzand aux Pays Bas où William LEMIT leur fait chanter le « chant des Jeunes » de sa composition : Une fleur au chapeau « trop chanté ensuite du côté de Pétain (…) alors qu’en réalité ce n’était pas du tout ça. »

« J’ai vécu vraiment la transformation du camp », des tentes autour d’un mât on est passé à des camps dans la nature avec astuces. « Les feux de camp et le froissartage ont commencé à cette époque. »

Pierre a fait sa formation de Chef au Cappy* Coudon montagne derrière Toulon en 1939 sous la direction de Pierre FRANÇOIS et de René ALAUZEN. Il a conservé ses cahiers de stage.

Dans l’entretien filmé en 2014-15, d’où sont tirées ces informations et citations, Pierre, son chat étant venu se blottir dans ses bras, conclut cette partie de film : 
« Parce que tu sais, n’oublions pas que, entre 36, le front populaire et 45 la fin de la guerre et 43-44 la résistance, ça faisait jamais que 7-8 ans, mais qui étaient d’une densité extraordinaire. »

D’autant que :

En août 39, il rencontre Paulette, sa future femme, dans un train où son ami la recrute aux EDF. Il la retrouve au camp de Charance (Gap), elle est Louve, cheftaine Louveteaux et lui Chef éclaireurs. « Il y a eu le tilt » et ils se sont mariés le 28 janvier 1942. Son père étant malade, Pierre prend la suite de l’atelier de fabrication de balais de paille. En 42 il est envoyé aux Chantiers de jeunesse. Grâce au mariage, Paulette a pu le remplacer dans l’entreprise familiale.

Leur fils aîné, Armel, naît en décembre 42.

En Août 43 Pierre est réquisitionné pour le Service du Travail Obligatoire. Son père venait de mourir, il parvient à se faire « réformer » plutôt que de passer dans la clandestinité comme des policiers bienveillants le lui suggéraient, car il se sent responsable, là sur place, de sa famille et de l’atelier. Il obtient, non sans peine, grâce au médecin compréhensif, au prétexte de conjonctivite, l’autorisation de rester travailler sur place.

Paulette, en tant qu’assistante sociale, pouvait circuler en voiture. Ils ont été résistants, il dit « On était fou ! » car une fois, transportant des armes, ils sont arrêtés à un contrôle, son fils encore bébé était avec eux. Ils ont pu passer…

Jean, résistant, est déporté en avril 44.

Après le débarquement de Provence, en août 44, les résistants se regroupent en une Compagnie militaire dans le Ventoux. Il y était chef de groupe. « (…) avec moi, il y avait trois jeunes responsables. (…) Ces éclaireurs, ils avaient un autre sens du positionnement et de la pratique de la vie en commun que les autres personnes, (…) qui n’avaient pas le même sens de la responsabilité au sein d’un groupe. »

Ses autres enfants naissent : Marie-France en 44, Line en 45, Jean-Paul naîtra en 49.

L’après-guerre :

En 1946, en tant que Ligue des droits de l’homme (dont il sera membre toute sa vie), il est nommé à une Cour départementale de justice pour juger les petits collaborateurs. La grande question était : « Qu’est- ce que la justice ? … pas la vengeance. ».

En 46, ils reprennent leurs activités aux Éclaireurs comme Responsables de groupe. Mais, Max GILLES âgé de 16 ans, meurt de l’explosion d’une mine abandonnée dans des ruines près du camp de Charance (Gap). Ce fut un coup dur pour les éclaireurs d’Orange.

En 1952, Paulette reprend du service aux Éclés, dont ses enfants sont membres, au camp de Sainte Catherine de Vars tenu par Yvonne PUAUX épouse de Paul PUAUX, alors Responsable régional EDF et collaborateur de Jean VILAR au festival d’Avignon.

Pierre continue son engagement aux échelons départemental, régional, puis national. Organisation de rassemblements régionaux : Il se souvient d’une Promesse lors de la Saint-Georges de Cavaillon : elle fut prononcée face à la vallée de la Durance, dans un cadre magnifique. « On n’a pas suffisamment montré aux gens que la philosophie des Éclaireurs était quelque chose qui devait vous prendre dans l’esprit et dans le corps d’une façon puissante, sans bondieuserie, ce à quoi correspond l’esprit humain. »

Toute la famille ESTEVE s’implique à Blieux, où ils réhabilitent des bâtiments et où se déroulent de nombreux camps.

René-Claude BLANCHET dit : 
« Il est à l’origine de l’achat en 1965 puis du développement du centre de St Léger du Ventoux. »

Pierre a eu la douleur de perdre sa fille Marie-France, en 1974.

« J’ai été au Comité Directeur (…) quand Jean était Commissaire général. » Années 68. Il participe à l’organisation des Assises 73-74. Il quittera le CD sur désaccords d’orientations.

Il participe à la recherche d’un lieu national de rencontres, en trouve un à Puget sur Durance, avec Claire MOLLET (Cascade) mais le Parc du Luberon s’y oppose. Ce sera finalement Bécours.

Pendant une dizaine d’année de 78 à 88 environ, il a été Responsable régional Provence avec l’aide très active et pacificatrice de Josette et Georges DESCHAMPS, en une période de conflits locaux.

Pierre parle de ses autres engagements : 
« Le scoutisme amène à prendre des responsabilités pratiques, pas seulement théoriques. »

 

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