2016: le parcours d'une « ancienne »… centenaire - Résistance

Sam13Fév202116:59

2016: le parcours d'une « ancienne »… centenaire

Index de l'article

 

La Résistance avec des Éclaireurs et non éclaireurs :

J’habitais un appartement sous les toits à Marseille, au 26 Rue Maréchal Fayolle. À partir du 11 Novembre 1942, je laissais ma clé aux Éclaireurs au cas où il y ait quelqu’un à cacher. Je n’ai pas eu l’impression de faire de la résistance. Je rendais simplement service. On me demandait de transmettre un message, je le faisais. On m’a dit d’aller chercher dix-neuf cartes d’identité. Je suis allée les chercher, Rue du Progrès où Jean LACOMBE avait un magasin. Moi, naïve j’entre : « Bonjour, Marna m’a dit de venir chercher les cartes d’identité. » Il a eu un temps « d’attente » avant de voir que c’était bon. Je me suis dit : il se méfie… Si on m’avait prise dans le bus, j’étais bonne ! Mais je ne réalisais pas. Après-guerre, LACOMBE s’est installé en Corse et on est allé le voir. Lui la Résistance, ça a été arme au poing.

 

27 Pali

A Saint-Savournin, il n’y avait que Marna et moi des EDF dans le groupe FFI.

C’est Jacques PEUVERGNE, catholique convaincu, qui a créé le groupe FFI. Il a fait appel aux mineurs locaux. Les résistants se servaient des mines comme caches et lieu de regroupements. Il y a eu 5 morts ici à Saint-Savournin. C’est parce qu’ils sont sortis, qu’ils se sont fait tuer. Ceux qui ne sont pas sortis de la mine ont été sauvés. PEUVERGNE a été assassiné quelques mois après la libération. On n’a pas su exactement pourquoi.

voir http://data.bnf.fr/12404768/jacques_peuvergne/studies

Récit d'un combattant : Lei loups roudaires et leur chef Jacques Peuvergne. 80 p.
Un maquis minier de Provence   Éditions provençales , Aix-en-Provence 1947     Auteur : Louis-Philippe May

Dans notre région, les réfugiés ont apporté un plus : ils étaient médecins par exemple. Il y a eu les membres de la Comédie française qui ont exercé à Marseille. On n’en a pas assez parlé, je trouve. Ils avaient de la valeur, d’avoir dit non ! J’ai vu leurs spectacles.

Jamais je ne me suis rendu compte de la gravité de la chose, ce qui inquiétait ma sœur : pour elle, j’étais dans les groupes de condamnés. On chassait les communistes, je n’étais pas communiste, mais j’étais avec eux… on chassait les juifs, je n’étais pas juive, mais j’étais avec eux… Elle reconnaissait qu’ils étaient des gens bien.
Ma sœur n’était pas pétainiste, elle n’était rien. Parmi les Éclaireurs, je ne vois pas quelqu’un qui était pro-Pétain.

Plusieurs Éclaireurs du Clan de l’Étoile / Lycée Thiers ont été dans la résistance :  Jean BULLE, Jean DE BERNARDY, Daniel et Salomon MATALON, Marie-Ange LUCIANI / Marna, Maurice AULANIER, Francis BLOCH devenu GUIDJI / Héron, AUGUSTO dit Toto parti au S.T.O..
Il y avait aussi : Robert DUBROU. Il avait joué en 1935 dans les films Merlusse et Cigalon de Marcel Pagnol, sous le nom de John Dubrou (Dubrassi sur certains documents). C’est le seul Éclaireur sélectionné lors du casting au lycée Thiers (lieu de tournage). Il est devenu Rédacteur en chef à La Marseillaise.
Il était avec moi au Camp de Gap, face à la Meije, en 1938.

Le professeur GABRIEL (prof de fac de pharmacie) avec sa grande barbe blanche était leur Chef Routier. Probablement formateur car on le voit sur la photo du Cappy Beaurecueil 1938 de ma sœur Edmée :

28 Cappy Beaurecueil 38

 

                                                       Vieux Castor / André LEFEVRE                                                  Professeur GABRIEL

 

On ne savait pas ce qui se passait dans les camps en Allemagne. Personne autour de moi ne s’en est douté. On croyait à des camps simples, pour travailleurs étrangers réquisitionnés. On savait qu’ils étaient pris, envoyés en Allemagne, on pensait qu’ils n’étaient pas gâtés, du point de vue nourriture et soins et habillement… mais les fours crématoires, non ! On ne savait pas que ça existait ! On l’a su quand on les a libérés. Ça a été une « révélation » les camps de concentration !

Jamais, on aurait cru que c’était ça les camps !

Récits de résistance :

Je n’ai jamais vu quelqu’un « d’amouraché » autant d’une « société » comme Bernard  DELAUNAY pour les Éclaireurs. Je l’ai rencontré quand Yves MEYER a été décoré de la Légion d’Honneur. Ils étaient amis par la résistance. Il m’a dédicacé son livre, non pas à Odette, mais à « L’Éclaireuse ».

Il a raconté sa résistance sous forme romancée dans « Le barrage de l’espoir » - Ed. Les Monédières 2009.
Note : Donné comme épuisé, il semble qu’on en trouve à la boutique du Mémorial de Caen.

 

29 Barrage espoir 1

 

Imprimer