1911 : Les débuts du scoutisme à Troyes

Jeu22Sep201108:00

1911 : Les débuts du scoutisme à Troyes

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 Dès l’origine, le scoutisme est né d’initiatives locales, portées par des individus intéressés – et souvent passionnés – par sa nouveauté et ses potentialités. C’est le cas à Troyes, où une « troupe », adhérant aux Éclaireurs Français, est créée dès 1911 – sûrement une des toutes premières en province.

 

 

Des Éclaireurs Français aux Éclaireurs de France

Nous avons choisi d’en résumer ici les premières années, à partir d’éléments puisés dans la plaquette éditée à l’occasion du 90e anniversaire du groupe et les archives collectées par Guy Wilmes que nous remercions. Mais nous aurons, plus loin, l’occasion de retrouver ce groupe, qui fête, en 2011, son centième anniversaire !

« Au printemps 1911, le scoutisme troyen est piloté par un militaire, le capitaine Brunet, officier au 1er bataillon de chasseurs à pieds. Une trentaine de jeunes garçons vont lancer le Mouvement sous le nom de “ Boys-scouts Troyens ”. Le local est installé au domicile même du capitaine ; le groupe adhère aussitôt à la Ligue d’Éducation Nationale de Pierre de Coubertin et prend le nom de “ groupe local de Troyes des Éclaireurs Français ”. La fédération nationale n’existant pas encore, il fonctionnera de façon indépendante jusqu’en 1914 où la troupe rejoindra les Éclaireurs de France.

 

Le scoutisme est, alors, empreint de l’esprit de l’armée et comprend, dans ses activités, une bonne part de préparation militaire et d’“ école de section ”. Cette orientation est à remettre dans l’esprit de l’époque, à la suite de la perte de l’Alsace-Lorraine, comme les “ bataillons scolaires ” dans les écoles. Mais ses caractéristiques éducatives (B.A., service, etc) se dégagent progressivement. Ces jeunes ne cessent de surprendre leurs concitoyens. Leur uniforme, kaki surmonté du célèbre chapeau de la police montée canadienne, le sac tyrolien, les culottes courtes, sont autant de choses étonnantes pour le public de l’époque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 1913, le relais est pris par deux éclaireurs formés par les militaires, les chefs Folope et Gouley. Une cinquantaine de garçons font désormais du scoutisme à Troyes, et les statuts de la nouvelle association sont déposés à la préfecture de l’Aube le 15 décembre 1913. Une photo de l’époque, publiée par l’ouvrage La Mémoire de Troyes de Claude Berise  les montre lors d’une rencontre, sur un terrain voisin, avec l’aviation naissante. En 1914, Folope est mobilisé, Gouley prend la direction de la troupe. Quelques aînés ont sollicité l’autorité militaire mais sont trop jeunes pour être enrôlés, ils partent à l’arrière du front lors de la bataille de la Marne et aident les services de santé à l’évacuation des blessés. Les plus jeunes sont mis à la disposition des autorités civiles et militaires pour porter des dépêches, ou pour aider à l’accueil dans les gares ou dans les hôpitaux. Les B.A. prennent ainsi un caractère humanitaire et souvent dramatique. En 1915, les éclaireurs aident, à l’initiative de la Caisse d’Épargne locale, à l’organisation de manifestations et de collectes en faveur des victimes de la guerre. Pour récompenser leur dévouement, le conseil des directeurs de la Caisse leur offre un drapeau qui leur est remis en grande pompe le 30 mai en présence du Préfet, du Maire… et du Trésorier Payeur Général.

 

Assez rapidement, aux exercices à caractère militaire, progressivement abandonnés, succèdent les jeux scouts, l’école de patrouille, l’apprentissage du Morse ou de la signalisation optique, l’étude de la nature, les brevets de spécialités… Les éclaireurs sont maintenant une soixantaine.

En 1916, la troupe prend le nom de Nicolas Benoît, fondateur du Mouvement mort au combat. On voit apparaître un dénommé Pierre Wilmes, chef de troupe adjoint. À la fin de la guerre, les éclaireurs sont à l’honneur : ils sont officiellement invités à participer aux fêtes du retour de Metz à la France. La paix revenue, la troupe va se charpenter et participer à la création d’un véritable groupe local ». Nous en reparlerons…

Jean-Jacques Gauthé a retrouvé une carte postale témoignant de la création du groupe affilié aux Éclaireurs Français :

 

« J'ai trouvé cette photo dans mes dossiers : les éclaireurs de Troyes, affiliés aux Éclaireurs Français devant un avion militaire. La carte postale est datée du 23 juillet 1914. L'auteur écrit “ Je vous envoie aujourd'hui une carte du premier groupe de la section troyenne des Éclaireurs de France. Vous m'y trouverez. ” »

 

Un autre document retrouvé par J.J. Gauthé :


 

Dès ces débuts, les E.D.F. de Troyes savent se faire connaître :

 

 


 

Quelques photos d'activités entre 1914 et 1920 :

 

Une patrouille et un peu de « pub »


Une sortie à vélo et le réveil au camp.

 

Des cartes postales présentent ces activités :

 


 

 

Invitations, programme, actrices invitées...

 

 


 

Une information de « Colibri » Lefèvre-Wilmes :

 

« Tout a commencé avec un militaire caserné à Troyes, dont le père était ambassadeur, d'où nombreux voyages, nombreux échanges entre militaires tant en France qu'à l'Etranger y compris l'Angleterre. Passé par l'école de JOINVILLE, il pratiquait de nombreux sports et fréquentait les salles troyennes. Ce fut le premier chef qui fit vite des émules dans son entourage militaire mais également parmi les sportifs.

 

La première unité avait son point de ralliement tout près du centre ville (au domicile même de ce chef, militaire) mais du côté du Quartier Bas, quartier qui continue à porter ce nom, ce nom donné tant pour sa situation géographique que par la pauvreté des habitants. Troyes ayant été longtemps une ville d'accueil, on y trouvait des familles de diverses nationalités, qui occupaient de petits logements sans confort dans des maisons moyenâgeuses : réfugiés, personnes sortant de prison, etc.

 

Depuis 1911, nous pouvons dire que le recrutement s'est toujours fait par le bouche à oreille, en plus de la presse locale qui suivait et relatait nos actions (ce n'est plus le cas depuis une quinzaine d'années). Nous avions en outre des normaliennes et normaliens qui venaient animer et qui, bien souvent, une fois enseignants, restaient dans l'encadrement.

 

Une information très importante. Nous avions des unités dans les deux orphelinats troyens :

- E.D.F. dans celui des garçons ;

- F.F.E. dans celui des filles : j'ai été petite aile dans une envolée de l'orphelinat de filles – j'étais la seule de “ l'extérieur ”.

 

Que ce soit au tout début ou encore aujourd'hui, nos jeunes viennent d'horizons divers. »

 

Le problème du recrutement en dehors des villes et des bourgs est d'ailleurs évoqué par un texte de 1919, écrit par un étudiant « instructeur de scoutisme » organisateur d'une « patrouille de vacances » que l'on peut considérer comme une ancêtre des « patrouilles libres » : « Il y aurait de noble travail à faire dans cet ordre d'idée »... Ce document est très intéressant parce qu'il pose en termes très concret le problème du recrutement en milieu « rural », dans une époque où une grande partie de la population habitait encore des villages, ainsi que celui de l'organisation du Mouvement en « sections cantonales » :

 

 


 

Après la guerre, les activités vont reprendre dans toutes les branches...

 

Chez les Louveteaux :

 

On construit un local avec une « baraque Adrian » :

 

 

On rend visite au chantier du paquebot « Normandie » :

 

 

 


 

Un « challenge » (organisé par « Le Scout ») :

À noter : le diplôme est signé par le Docteur Charcot, « Pourquoi pas », président de la Fédération.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 1923, visite de Vieux Castor :

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