1911 : Les débuts du scoutisme masculin : premières expériences - Le scoutisme ?

Jeu15Avr201015:42

1911 : Les débuts du scoutisme masculin : premières expériences

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Qu'est-ce que le scoutisme ?

 

« Ses origines sont américaines. Comme la plupart des méthodes qui nous viennent de ce pays si neuf et si jeune, elles sont nées de l'expérience. Un philantrope, Thomson Seton, ému des fredaines d'une bande de garnements livrée à ses pires instincts, eut l'idée géniale de se servir de ces instincts eux-mêmes pour amender cette troupe de voyous. Il les groupa en tribu, leur donna un code d'honneur, et réussit à transformer cette bande de vauriens en une association de garçons obéissants, fraternels et serviables. Baden-Powell, le défenseur de Makeking, s'étant rendu compte, à l'heure grave du danger, des services réels que peuvent rendre à la communauté de très jeunes garçons, reprit cette méthode et l’adapta à la jeunesse anglaise. L’expérience de Seton était rudimentaire, Baden-Powell en pédagogue averti sut l'enrichir de ses dons de psychologue et l'illumina de tout son génie… »

 

 

L'ouvrage « L'invention d'un scoutisme chrétien » d'Arnaud Baubérot et André Encrevé (éditions « Les Bergers et les Mages ») les évoque tous deux et, plus particulièrement, le premier.

Georges Gallienne est un pasteur méthodiste. Nommé directeur de la « mission populaire évangéliste de Grenelle », rue de l'Avre à Paris, il cherche une méthode d'animation pour un groupe d'une cinquantaine de garçons et expérimente le scoutisme à côté de diverses autres activités. Il en constate, sur le terrain, l'efficacité, et en définit l'application en fonction de ses propres besoins : c'est ainsi, par exemple, que l'uniforme, très présent en Grande-Bretagne, se réduit pour ses garçons à… un béret basque !

Comme le précisent Arnaud Baubérot et André Encrevé, « Au-delà de l’éducation civique, le scoutisme, tel que Gallienne le présente, s’attaque aux problèmes sociaux liés à l’enfance en péril. Le tableau qu’il dresse d’une enfance rejetée par l’école et l’atelier, qui erre dans les rues en proie à la délinquance juvénile et à l’œuvre des “ pourrisseurs de la jeunesse ” conduit au désir de rechercher de solutions nouvelles dans le domaine de l’éducation. »

Le même ouvrage aborde la question de ce qui deviendra progressivement la « laïcité » du Mouvement scout : « On remarque, en revanche, que le question religieuse est totalement absente des récits de Gallienne. (…) Il ne fait aucune allusion à une quelconque utilité religieuse, à un quelconque enjeu spirituel ou confessionnel dans la pratique du scoutisme en France. Cette absence paraît d’autant plus surprenante que Gallienne est pasteur, que son expérience se déroule dans un patronage de la Mission populaire évangélique et que les récits qu’il en fait dans l’Espérance et dans Foi et Vie s’adressent à des lecteurs protestants de sensibilité évangélique. »

En ce qui concerne Georges Bertier, le contexte est quelque peu différent : il est, depuis 1903, directeur de l’École des Roches, établissement privé d’enseignement conçu, à la fin du XIXe siècle, sur un modèle inspiré de certaines expériences anglaises, à partir d’une critique sévère du modèle d’enseignement français : toujours selon l’ouvrage d’André Baubérot, le créateur de l’école, Edmond Demolins, considère que « l’éducation anglaise fait des hommes » alors que l’éducation française « fait des fonctionnaires ou des ratés ». Bertier se veut à la pointe de cette recherche et crée en 1909 la revue « Éducation » qui traite des pédagogies nouvelles.

A. Baubérot et André Encrevé nous disent que « L’éducation de l’École des Roches veut former “ l’homme social ” et développer le sens ses responsabilités en utilisant, notamment, les vertus de la campagne et du sport. L’école touche des jeunes garçons issus de milieux très aisés et vise à créer une “ nouvelle race de patrons ”. »

Il est à noter que cet objectif de formation d'une élite restera présent chez Georges Bertier et se traduira, en particulier, par une participation aux travaux d'Alexis Carrel et à l'équipe de Jérôme Carcopino pendant la période de l'État Français. Si l'on en juge d'après ces deux premières expériences, c'est celle de Georges Gallienne qui se rapproche le plus de ce que vont devenir les Éclaireurs de France, aussi bien à travers l'action d'André Lefèvre – en particulier à la Maison pour Tous de la rue Mouffetard – que dans ses orientations ultérieures vers la démocratie et l'implication sociale.

Le Comité Directeur de la Fédération en 1935

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