1942 : Lucien Fayman

Sam24Avr201008:57

1942 : Lucien Fayman

Ce témoignage, enregistré lors d’un entretien, décrit son parcours, aux Éclaireurs de France. d’abord, puis aux Éclaireurs Israélites où il a choisi d’entrer, bien que non-pratiquant, fin 1940, après la promulgation des lois raciales du Gouvernement de Vichy, pour des raisons d’appartenance.

 

 

Son action s’est située, à la fois, dans l’animation de «la Sixième» qui a relayé l’association interdite des Éclaireurs Israélites, et dans la participation au réseau de renseignements Buckmaster. Il a été, comme Marcel PETIT et quelques autres, arrêtés sur dénonciation et déporté.

Après la guerre, il a retrouvé les Éclaireurs Israélites dont il a été Président

Le témoignage d'Hélène Stern, présenté par ailleurs, donne un exemple des activités de la Sixième.

Extrait de l'ouvrage "Une jeunesse engagée"

Mon entrée dans le scoutisme... laïque

"Je suis entré aux E.D.F. à Toulouse en 1927 ; j’avais 11 ans, à la troupe rattachée au Lycée. J’ai été Éclaireur dans la patrouille des Renards. Un camp m’a particulièrement marqué, la deuxième année, à Rieupeyroux. Toulouse était rattachée, à cette époque, à la région Gascogne qui comprenait Auch, Villefranche de Rouergue (où se trouvait les frères Fabre, l’un d’eux, Robert est devenu un homme politique connu), et Tarbes où se trouvait notre Commissaire de Province. Le camp de Pâques 1930 s’est passé à Auch, où j’ai été totémisé et où j’ai eu ma deuxième classe. Celui de 1931 a eu lieu sur la Côte basque, dans la propriété de Claude Farrère, l’écrivain ; celui de 32 à Capbreton. C’est dans cette période que j’ai connu René Duphil. J’étais alors assistant chef de troupe.

En 34, mon père m’a envoyé passer un an en Espagne et je suis rentré juste avant la guerre civile, pour faire mon service militaire pendant deux ans. Je me suis beaucoup éloigné des E.D.F. par force, même si je revoyais de temps à autre mes copains du groupe local. J’ai été libéré du service en 38 et j’ai eu alors une activité de montagne et de ski qui m’a servi plus tard ... En mars 39 nous avons été rappelés, c’était le moment de l’Anschluss et en octobre nous savons ce qui s’est passé : la guerre a été déclarée ; j’ai été versé dans le corps expéditionnaire qui est parti au Liban. J’y suis resté jusqu’à fin décembre 40.

Fin décembre, j’ai repris contact avec Toulouse et j’ai appris qu’une troupe d’Éclaireurs Israélites venait de se créer avec des garçons venus de la région parisienne… Je dois dire que mon père avait bien voulu que je fasse du scoutisme – encore qu’il n’était pas très chaud car il considérait que c’était un peu militariste - mais, appuyé par de nombreux amis, il avait dit : « dans un groupe laïque, je veux bien » : c’est la raison pour laquelle j’étais entré aux E.D.F… Quand j’ai appris que se créait un groupe E.I., je me suis senti spirituellement, socialement, sociologiquement, attiré par eux.

C’était après la sortie des lois raciales de Pétain : les lois sont d’octobre et c’était en décembre 40 ou début 41. En tête-à-tête avec moi-même, je me suis dit : « le scoutisme oui, mais je me sens appartenir à ce groupe Juif et ne pas les rejoindre serait, à mes yeux, une démission ». Je suis allé voir Marcel Petit qui était, à l’époque, le provincial E.D.F. et je lui ai dit : « Voilà, je viens te demander (l’autorisation) de quitter les E.D.F. pour aller aux E.I.». Marcel, qui était farouchement laïque, et même d’extrême gauche progressiste, m’a dit : « Si tu vois les choses sous cet angle, je ne peux absolument pas m’y opposer, je comprends très bien ta réaction et ton attitude, et d’ailleurs elles te font honneur. Étant donné les lois raciales de Vichy, tu vas te mettre peut-être dans la gueule du loup, mais c’est ton affaire ». Voilà comment je suis entré aux E.I.".

 

Aux E.I. pour témoigner et agir

"Je n’y avais pas de fonction car il a fallu que je me forme à la méthode E.I., surtout à l’appartenance religieuse qui jouait un certain rôle. Le Mouvement E.I. était pluraliste - cela avait été décidé à un Conseil national en 1932 - de manière à accueillir dans l’organisation des gens qui revendiquaient simplement leur religion, d’autres qui étaient beaucoup plus religieux « orthodoxes », et toute une catégorie qui n’envisageaient le judaïsme que sous l’angle sioniste et se préparaient, le moment venu, à partir en Israël.

Moi, je n’étais ni orthodoxe, ni sioniste, je faisais partie des libéraux. Un modus vivendi avait été trouvé, il fallait faire attention au camp, manger casher ou, en tout cas, ne pas risquer de froisser ceux qui mangeaient casher en apportant, par exemple, des sandwiches au jambon. Chez moi, on ne mangeait pas cacher, nous n’étions que des Juifs, je dirais, d’appartenance ; nous ne fréquentions pas la synagogue et nous n’avions pas d’activités communautaires.

Ensuite, j’ai grimpé quelques échelons, j’ai fait des sorties et des camps en 40 et 41 ; en 42, j’ai fait le camp d’été et j’ai créé une équipe de routiers puis un second groupe local à Toulouse ; les Éclaireuses étaient, à l’époque, à la F.F.E.

Malgré les lois raciales, les E.I. existaient en zone sud et y avaient des activités normales, jusqu’à l’été 42 où le problème s’est posé de façon dramatique : le gouvernement voulait interdire les E.I. Nous avons été défendus par notre Commissaire National, fondateur des E.I., Robert Gamzon, qui est allé à Vichy discuter avec des gens du gouvernement pour trouver une solution.

Il faut dire qu’à ce moment-là, le Scoutisme Français, qui venait d’être créé, avec la fameuse déclaration de l’Oradou, soutenait que les cinq mouvements scouts français représentaient les valeurs du scoutisme et qu’il veillerait à ce qu’il ne soit porté atteinte à aucun d’entre eux. Il nous a beaucoup défendus mais il n’ a rien eu à faire, Laval voulait l’interdiction des E.I. et on a signifié à Gamzon que le décret allait être signé dans quelques jours…

Alors il est rentré. Nous avions notre siège à Moissac, dans le Tarn et Garonne, où nous occupions le moulin. « Castor » Gamzon y a convoqué tous les commissaires provinciaux pour leur exposer la situation, à savoir que le Mouvement allait être dissous et ses membres dispersés. Mais il y avait d’autres solutions à envisager. En particulier, nous sommes en août 42, c’est-à-dire un peu plus d’un mois après les rafles de Paris, et nous avions découvert un grand nombre de jeunes qui avaient réussi à s’échapper de Paris ou même du Vel’ d’Hiv, et étaient partis dans la nature. On s’est rendu compte qu’il y avait des quantités de jeunes adolescents, qui relevaient donc de notre vocation. Castor nous a donc proposé de transformer, séance tenante, le Mouvement en Mouvement clandestin.

Nous allions nous rattacher à l’U.G.I.F., Union Générale des Israélites de France, un organisme administratif qui a été l’objet de beaucoup de controverses, de polémiques et de tensions ; nous aurions un rattachement administratif et serions reconnus en tant que Mouvement social des jeunes, c’était notre appellation. En réalité, nous nous sommes appelés « la Sixième », qui a été connu, après la guerre, comme un Mouvement de Résistance.

Il s’appelait la 6ème car nous étions la sixième section de la quatrième division qui était la division Jeunesse, on a trouvé que ça ne voulait rien dire et c’est le nom que nous avons donné à ce Mouvement qui n’était autre que le Mouvement scout, avec exactement la même structure et les mêmes personnels. C’est-à-dire que les commissaires régionaux étaient toujours chargés des régions, les cheftaines devenaient des assistantes sociales, les chefs étaient chargés du « planquage » - on disait du « placement » - des jeunes, et c’est de cette façon que nous avons commencé à fonctionner à partir de l’automne 42."

 

Avec l'aide de certains responsables de la hiérarchie catholique

"En ce qui me concerne, j’étais le responsable de la région Midi-Pyrénées dont le siège était à Toulouse. J’étais chargé, avec mon équipe de chefs, de cheftaines, de routiers, d’organiser le planquage des jeunes, d’une façon très variable.

D’abord, je me suis rendu auprès de responsables de la hiérarchie catholique. L’archevêque de Toulouse avait publié une lettre retentissante, le 24 août 1942, après les rafles ; cette lettre avait provoqué, dans les milieux catholiques de Toulouse, un véritable tremblement de terre. Ils ne savaient plus à quels saints se vouer, car l’archevêque avait écrit que les hommes juifs, les femmes juives, étaient des hommes et des femmes et qu’il n’était pas permis de les entasser dans des wagons comme du bétail et de les envoyer on ne savait où … Il a élevé une protestation qui a été reprise par l’évêque de Montauban et le Cardinal Gerlier, Primat des Gaules, ce qui a provoqué beaucoup de remue-ménage dans les sphères du Pouvoir …

Par la hiérarchie catholique, je suis allé voir personnellement l’archevêque, le cardinal Salièges ; il était déjà, à l’époque, très diminué, il avait à côté de lui quelqu’un qui expliquait ce qu’il voulait dire. Il m’a envoyé voir son coadjuteur, Mgr De Courrèges, qui m’a très très bien reçu. Il m’a donné une lettre d’introduction pour tous les évêques de la région, que je suis allé voir à tour de rôle : Narbonne, Albi, Auch, Foix, Tarbes-Lourdes ; je suis allé voir également Marty, qui était, à l’époque, évêque de Rodez. Accueil très mitigé chez certains, l’évêque d’Auch m’a même, très exactement, jeté : la Révolution Nationale, le Maréchal… bref, je vous fais grâce du reste ; il n’avait rien à voir avec moi, nous ne parlions pas le même langage.

Par contre, Mgr Moussaron, à Albi, a été extraordinaire, il m’a ouvert la voie des monastères, nombreux dans le Tarn. Il m’a ouvert des portes un peu partout où j’ai trouvé des planques pour des jeunes ; et il en arrivait beaucoup, des garçons et des filles. Mgr de Courrèges m’avait aussi envoyé voir une personne remarquable, dans une communauté qui s’appelait les Soeurs de la Compassion. J’y ai fait la connaissance de la sœur portière, qui m’a accueilli et écouté, et qui m’a dit : «je peux vous assurer le logement pour 3 ou 4 garçons, mais pour 3 ou 4 jours seulement au-delà desquels nous risquons beaucoup trop ». C’était une étape de passage, une solution quand on est pris à la gorge. «Mais, me dit-elle, vous pouvez aller voir notre aumônier, qui est professeur à l’Institut Catholique de Toulouse, et qui sera très intéressé par ce que vous allez lui dire »…

Alors j’ai eu un contact extraordinaire avec ce père De Noroy, qui vit toujours aujourd’hui, qui a fait une campagne extraordinaire (…). J’ai pu ouvrir comme ça, en allant voir Montauban, Tarbes Lourdes … il y avait énormément de communautés dans la région… un grand nombre de planques. J’ai découvert les Dominicains – je me suis toujours intéressé aux Cathares, les Dominicains sont assez proches - car la Province dominicaine a son siège à Toulouse ; je suis allé voir le Père Audouard, qui était un homme charmant, truculent et plein d’humour, qui m’a dit : « Écoutez, vous allez aller à Sorèze …». C’est au pied de la Montagne Noire.

J’y suis allé, et à Sorèze on a pu nous prendre des garçons qui arrivaient de la zone Nord. Certains se débrouillaient assez bien en français et avaient un physique à peu près passe-partout, mais il y en avait d’autres qui parlaient mieux le yiddish que le français car ils étaient arrivés récemment de Pologne ou de Russie, et ils étaient très encombrants à planquer. On ne savait pas comment et où les cacher… À Sorèze, ils en ont pris, et les mettaient aux tâches internes, pas en classe ; ils faisaient du jardinage, l’entretien de la maison, donnaient des coups de peinture, réparaient des volets … il y en avait une vingtaine ; de plus, Sorèze avait des relations un peu partout dans la campagne environnante et notamment dans la Montagne Noire, il y avait des familles qui en prenaient un ou deux, quelquefois - c’est de cette façon qu’on est arrivé, pendant l’automne et l’hiver 42, à planquer environ 200 à 250 garçons.

Vabre aussi, où se trouvait le pasteur Couque, qui avait créé un camp d’Éclaireuses, bidon bien sûr, des jeunes filles surtout allemandes qu’il avait protégées et qui campaient, au-dessus du village, très entourées par la communauté de Vabre…. Voilà pour ce qui est de notre activité de service social, d’assistance aux réfugiés, de « planquage »… Et puis j’ai été arrêté, et je dois revenir sur une autre activité que j’avais, qui était une activité de Résistance."

 

Résistance et déportation

"J’ai été recruté dans un réseau britannique, qui s’appelait Buckmaster, où j’étais chargé, à partir du printemps 42, d’organiser la réception des parachutages. J’ai commencé par recruter des gens dont j’étais sûr, et, en particulier, Marcel Petit, qui était le commissaire provincial des E.D.F. – Marcel Petit était enchanté que j’ai pensé à lui et il m’a même remercié sur tous les tons – et quelques autres . Nous étions au total six ou sept ; il y avait un opérateur radio dans la banlieue toulousaine, une antenne à Saint-Gaudens, un jardinier qui, dans un quartier de Toulouse, avait un puits profond avec des galeries qui nous servaient au planquage du matériel ; j’avais une équipe d’agents de liaison qui étaient chargés de récupérer le matériel à l’arrivée des parachutages et ensuite de le répartir en fonction des besoins ; nous avions des planquages jusque dans le Lot et dans l’Aveyron. Tout ça était organisé dans le courant du printemps et de l’été 42 ; malheureusement le réseau a été infiltré par un agent de l’Abwehr qui nous a donnés à la Gestapo et tout le réseau a été arrêté dans la nuit du 12 avril 1943. Tout le monde. Nous étions 17.

Il n’y avait aucune liaison entre ces deux activités, elles étaient totalement indépendantes. Quoique, parmi mes agents de liaison, ceux qui allaient réceptionner ou livrer les armes, il y avait deux cheftaines et un ancien assistant de troupe. C’était une connection d’individus, pas de structures.

Alors le 12 avril j’ai été arrêté, j’ai été interrogé – Marcel Petit en parle dans ses mémoires – on a passé un mois et demi à la prison militaire de Toulouse, puis nous sommes partis à Fresnes où nous sommes restés jusqu’au printemps 44 parce que l’affaire était importante, en liaison avec celle de Moulin à Lyon. Il y avait une procédure, menée par la justice militaire allemande qui a mené toute une enquête, de sorte que nous devions aux termes de l’enquête, passer devant le tribunal militaire et ensuite plus ou moins à la casserole… plutôt plus que moins.

Mais la chance a voulu – j’ai eu beaucoup de chance, plusieurs fois – que, en janvier 44, la Milice avait arrêté tellement de gens qu’il y avait surpopulation dans toutes les prisons de France et qu’il y a eu un grand vidage des prisons, sans discernement aucun… À Fresnes, j’étais dans une cellule avec des Juifs. Je me disais qu’on allait m’amener à Drancy, lieu de regroupement… Et puis non, on a vidé Fresnes, et nous avons été, en quelque sorte, mis dans le droit commun. Tout le monde est parti à Compiègne d’abord, en Allemagne ensuite. De sorte que je n’ai pas été déporté comme Juif, mais comme Résistant – que j’étais, bien sûr.

Au camp, j’ai passé deux mois à Buchenwald – février et mars – et le 1er avril, après l’appel, on nous a mis par rangs de 5 pour monter dans des camions en direction de Dora à une soixantaine de kilomètres. À Dora, j’étais dans un dortoir satellite mais je travaillais sur un chantier où on construisait des tunnels pour installer, plus tard, des usines, car Hitler voulait que toutes les usines d’armement soient installées en souterrain. J’y ai passé un an, d’avril 44 jusqu’en avril 45…

Pour illustrer la chance que j’ai eue : à un moment donné, je travaillais au tunnel et, un beau jour, je faisais partie d’un commando d’électriciens (Siemens), nous étions une poignée, peut-être une douzaine. Le « meister », technicien civil, avait à la main une paire de griffes à grimper et a demandé : « qui sait se servir de ça ? » - j’ai répondu « moi », j’avais appris au régiment et cela ne me posait pas de problème. J’ai donc été chargé de grimper au poteau avec un petit sac, je faisais les connections, je redescendais et j’allais au poteau suivant … C’était la planque quand on sortait du tunnel ! Mais ça n’a pas duré... Et en octobre, un jour, en sortant du tunnel, je n’arrivais plus à respirer. Je suis retourné à l’infirmerie, le « revier », qui était tenu par deux médecins français – heureusement : repos trois jours, plus trois jours, plus trois jours, ils ont allongé la sauce. Ensuite, le médecin vint me soigner et me dit : « On a besoin d’un infirmier masseur. Toi, tu as été scout et moniteur de ski, tu dois savoir faire ». Bien sûr ! J’avais même, à Toulouse, suivi des cours de la Croix-Rouge ; ça a été ma troisième chance, car j’ai fini ma carrière au camp comme infirmier masseur.

Comme je l’ai dit, j’ai eu de la chance trois fois, il fallait en avoir pour survivre : la première, au moment du vidage de Fresnes où je suis parti avec tout le monde ; ensuite, au chantier et, enfin, à l’infirmerie."

 

Retour vers le scoutisme : le Jamboree de la Paix,

puis Commissaire Général et Président des Éclaireurs Israélites

"Retour vers le scoutisme tout de suite : je suis rentré, et les E.I. m’ont mis le grappin dessus … À Toulouse, il y avait un groupe avec deux troupes d’Éclaireurs, une section d’Éclaireuses et deux meutes ; j’ai été nommé provincial. J’ai organisé un certain nombre de camps, dont un regroupement au Chambon sur Lignon à la mémoire en reconnaissance de tous les Protestants qui nous avaient aidés dans la région.

En 47, j’ai participé à l’organisation du Jamboree de la Paix au Q.G. avec Lafont. L’année suivante, au Conseil National du mouvement, nous avons retrouvé tous nos camarades, y compris ceux qui venaient d’Afrique du Nord, et c’est là que j’ai rencontré celle qui devait devenir ma femme. Pendant la guerre, elle était au Maroc, et une section « neutre » de la F.F.E. camouflait les activités des Éclaireuses E.I. En 51, j’ai été nommé Commissaire général et j’ai participé, en 55, au jam du Canada ; en 59, j’ai pris la présidence du Conseil d’administration du Mouvement… jusqu’en 63 où j’ai rendu mon tablier …

Si on s’interroge sur le rôle des valeurs fondamentales, et du Scoutisme en particulier, sur les choix qui sont à faire dans ce genre de période…pour moi, c’est ce que dit B.P. : «Scout un jour, scout toujours». C’est cette formation que j’ai reçue aux E.D.F. dans les années 30, cet humanisme, cet universalisme, cette rencontre avec les autres, que j’ai voulu défendre. Pour moi, il n’y avait pas le choix. Certains ont pu se demander «Pétain ou de Gaulle ?». Moi pas. Je n’ai jamais eu à peser le pour et le contre. Mes valeurs fondamentales sont celles du Scoutisme, encore maintenant : dès qu’on parle du scoutisme, j’en fais partie.

En réalité, le Scoutisme, dès sa création, était une révolution. On prenait des jeunes, souvent de milieux bourgeois, pour les faire sortir alors que toutes les familles se réunissaient autour d’un gâteau et d’un thé … Surtout en Angleterre ! On les faisait sortir, aller courir dans les bois, rentrer avec les genoux écorchés, épuisés de fatigues … et contents ! J’avais écrit un papier sur ce thème : «le Scoutisme et la Révolution». Il était dans l’appartement de mes parents à Toulouse, mais tout a été pillé. J’avais des quantités de souvenirs du scoutisme, E.D.F. et E.I., mais je n’ai rien retrouvé".

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